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même qu’il a pu échapper à la corde et à l’oubli, il ne sera pas permis que la main des opportunistes, cette main d’éteignoir, s’abatte sur une gloire si pure. La gravité de ses mœurs, sa tolérance, sa sensibilité exquise, sa culture élevée, lui valurent des amitiés précieuses comme celle de Chateaubriand et de plusieurs célébrités mondiales. N’aurait-il fait qu’incarner les qualités traditionnelles de la race que nous devrions porter son nom en cocarde, mais il fut en tout un homme de bien, avec ostentation. Vainement on a épluché la carrière de l’auteur des quatre-vingt douze résolutions, il reste drapé dans son intégrité, le front altier et le regard planant au-dessus des bassesses de ce monde. Il ne se laissera pas enrôler sous le drapeau des médiocres passions et du sectarisme.

Quand ceux qui se sont servi de sa mémoire pour satisfaire leurs appétits auront réintégré leur néant, il rentrera, lui, dans sa sphère de sérénité lumineuse. Papineau est assez illustre dans son passé homérique pour que sa renommée ne reste pas livrée au hasard des finasseries roublardes, comme au parti pris et aux préjugés d’esprits étroits. Sa gloire est l’héritage de toutes les races. Pour nous, il faut un sauveur, pour les Anglais qu’il a fait rentrer dans le chemin de la justice et de l’humanité, il fut une providence. Les Juifs eux-mêmes lui doivent la reconnaissance de leurs droits civils et de pouvoir siéger au parlement. Il est grand parce qu’il embrasse tous les temps. Il sut, tout en aimant passionnément les siens, s’extérioriser de son égoïsme de clocher. Par sa vertu, il est de toutes les religions, par son amour