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Papineau

laissiez telles que je les ai écrites à mon cher cousin, je vous prie de les garder sous silence, et pour votre honneur et pour le mien, car vous passeriez pour un homme de mauvais goût et je veux vous conserver votre réputation.

Notre mère vous présente, ainsi qu’à madame de Salaberry, son très humble respect ; elle se flatte que vous voudrez bien recevoir par moi l’expression de ses sentiments de gratitude et d’estime pour les bontés que vous avez pour la maison, dont vous nous avez donné des preuves réitérées et nous vous tenons compte de la volonté que vous avez de nous rendre service, lors même que vous n’en trouveriez pas l’occasion.

Adieu, mon cher Salaberry, ce n’est pas une lettre du jour de l’an, car on dit qu’elles doivent être courtes, mais c’est que les lettres du jour de l’an ne sont pas toujours des lettres de cœur et celles-ci en vient ainsi que les sentiments avec lesquels je suis,

Mon cher cousin,
Votre très humble et obéissante servante,
SŒUR CÉLORON.

(Extrait de la correspondance de M. Charles de Salaberry.)


Cette lettre est exquise. L’éternel féminin, sous la guimpe comme sous le fichu, conserve ses aimables droits à la coquetterie, à la pêche aux compliments. Il n’y perd pas d’être parfumé à l’encens plutôt qu’à l’eau de Cologne.

Fleury Mesplet hélas ! n’a pas su plaire à M. Roy. On sait que cet imprimeur fonda le premier journal de langue française au Canada en 1778, intitulé : La Gazette littéraire de Montréal. Voici ce qu’il dit dans son premier numéro : « Il est peu de provinces qui aient besoin d’encouragement autant que celle que nous habitons. On peut dire, en général, que ses portes ne furent ouvertes qu’au commerce des choses qui tendent à la satisfaction des sens. Vit-on jamais, ou existe-t-il une bibliothèque ou même des débris d’une bibliothèque, qui puisse être regardée non comme un monument d’une science profonde, mais de l’envie et du désir de savoir. Vous con-