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la terre ancestrale

de mœurs passables. Beaucoup d’entre eux, plus tard, devaient se ranger et devenir de braves chefs de famille. Cependant, un étranger candide, en les imitant, risquait plus qu’eux de croupir dans la mauvaise voie.

Par une chance inespérée, le jeune Rioux obtint une position comme préposé aux bagages à la gare du Pacifique Canadien. C’était pour lui le salut : le travail était facile, le salaire excellent, la société meilleure. Du coup, il se trouva changé de milieu.

Dans le même temps, il fit la connaissance d’une famille Dion. Plusieurs garçons et filles, tous joyeux, maintenaient dans cette maison l’entrain et la franche gaîté. Hubert, présenté une première fois par un des fils, son compagnon de travail, y retourna une semaine plus tard ; puis, il prit l’habitude de s’y rendre trois ou quatre fois par semaine. Ces bonnes gens, découvrant chez Hubert un brave garçon, le sachant isolé dans la ville, lui ouvrirent leur porte toute grande. Le jeune homme, peu à peu, leur parla de sa paroisse et de sa famille, sans insister toutefois sur les incidents de son départ.

— Mais, mon garçon, lui demanda un jour le père, je ne connais guère la campagne, je n’y ai même jamais été, mais il me semble que vous aviez un bel avenir chez vous ; pourquoi donc venir à la ville ? Il paraît que les cultivateurs