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la terre ancestrale

— Je t’ai crié de me suivre ; tu ne m’as donc pas entendu ?

— Non, je ne t’ai pas entendu, affirma Rioux.

— Tu te battais avec tant d’ardeur.

— Enfin, ce n’est pas une aventure bien honorable.

— Ne te casse pas la tête pour si peu ; c’est passé, eh bien ! c’est passé, conclut Morin.

— Tâche de ne pas ébruiter cela chez nous, conseilla Hubert.

— Oui, ce serait une jolie vantardise. Me prends-tu pour un imbécile ?

Hubert tint sa promesse. Petit à petit, il abandonna ses compagnons, il évita les lieux qu’ils fréquentaient. Sous un prétexte quelconque, il se dérobait à toutes leurs offres. À la fin, ses refus finirent par exaspérer ses anciens amis ; ils en vinrent à le prendre en grippe. Mais, sa solide carrure leur en imposait. Un jour, l’un d’eux lui demanda :

— Il paraît que tu sors avec une bande qui est contre nous ?

— M’as-tu vu ? questionna fièrement Rioux.

— Non, mais c’est Toine Légaré qui me l’a dit.

— Tu lui diras qu’il vienne m’en parler à moi.

— Pourquoi ne sors-tu plus avec nous ? continua l’autre.