Page:Côté - La Terre ancestrale, 1933.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
la terre ancestrale

D’autres s’étaient dirigés vers les usines. Là, l’air plus lourd était encore réchauffé par la chaleur des machines. La besogne devait s’y poursuivre activement, car une compagnie se montre plus exigeante qu’une municipalité. Quelques-uns, payés à la pièce, devaient employer toutes leurs forces pour gagner un salaire raisonnable. Bien que mal disposés, bien qu’accablés par cette chaleur torride, ils devaient déployer toute leur ardeur. Leur quantité de pain à manger dépendrait de la somme de travail fournie. Il leur fallait aller comme cela, sans trêve ni repos, par une température d’étuve, et pendant dix heures.

Que dire des ouvriers en métallurgie, des fondeurs de métaux ? C’était une vraie vision de l’enfer. Les hommes, demi-nus, dans une chaleur insupportable à tout être inaccoutumé, tiraient, des hauts-fourneaux, des coulées de métal fondu dont la seule approche brûlait la peau. Toute leur force de résistance devait être employée pour tenir dans de pareilles conditions. Combien de ces gens voyaient, en imagination, comme une vision du paradis, un coin de campagne ombré et verdoyant.

Dans la rue, les piétons circulaient harassés ; l’asphalte leur renvoyait d’en bas la chaleur qu’elle captait du soleil. Les vêtements, imprégnés de sueur, collaient à la peau. Enfin, le soir arriva amenant la fin de la tâche. Les privi-