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la terre ancestrale

— C’est parce que tu n’en es jamais sortie.

— Dieu fasse que je n’en sorte jamais.

— Que veux-tu donc dire ?

— Nous aurions été si heureux ici, Hubert, au milieu de tout ce que nous connaissons depuis notre enfance, près de tous les nôtres.

— Mais là-bas aussi, nous nous ferons des amis.

— Ce ne sera jamais comme les anciens.

— Tu verras, ma Jeanne ; tu parles ainsi parce que tu ne connais pas la ville.

— Je ne désire pas la connaître non plus.

— Veux-tu dire que si je pars je ne pourrai plus compter sur tes amitiés ?

— Non, ce n’est pas ce que je veux dire, Mais d’un autre côté, je veux être franche avec toi : si tu pars pour ne plus revenir, je ne puis rien te promettre. Non, malgré toute ma volonté, je me sens incapable de te faire des promesses, car je craindrais d’y manquer. Je ne sais pas si un jour je changerai d’idée, mais actuellement, je suis incapable de quitter la paroisse. Reste donc, Hubert !

— Il faut que je parte, Jeanne : c’est ma vocation.

— Je crois plutôt qu’elle est de demeurer parmi nous tous.

— Oui, pour vivre dans la boue, la saleté et l’ennui.