Page:Côté - La Terre ancestrale, 1933.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
la terre ancestrale

volée, lançait dans l’espace, aux quatre coins de la paroisse, le joyeux carillon de l’Alleluia. Les fidèles, recueillis, entrèrent dans le saint lieu. En même temps, le vieux chantre, de sa plus belle voix, entonnait le « Minuit Chrétiens ». L’autel, ruisselant de lumière, était paré de ses plus beaux décors ; les harmonies de l’orgue flottaient au-dessus de cette foule en prière ; et la pieuse cérémonie se déroula au chant des cantiques. À la sortie de l’église, contre l’habitude, les bavardages ne durèrent pas, car dans la plupart des foyers, mijotait un succulent réveillon.

Au retour, Hubert, qui conduisait, rejoignit et voulut dépasser la voiture de Pierre Michaud ; mais le vieux, d’un coup de fouet, enleva son cheval. Les deux bêtes, allègrement trottèrent côte à côte. Le jeune homme, par délicatesse, n’osait pas trop presser la sienne, car il savait Jeanne dans l’autre « carriole », mais le père ne souffrait pas du même scrupule :

— Donne-moi les guides ; à ton âge tu ne sais pas encore conduire un cheval. Tom !

L’animal, sentant la pression des rênes, s’allongea, et à travers les éclats de rire, distança l’autre en ouragan.

— Bonjour, Hubert ! cria une voix, de l’autre voiture.

— Qui donc me salue ?

— C’est le garçon de Charles Morin, répondit Louis ;