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la terre ancestrale

reverdissent ; plus tard les fleurs colorent les jardins et les champs ; ensuite les foins embaument l’atmosphère. Avec la saison qui s’avance, les grains mûrissent, les feuilles tombent après avoir charmé la vue par leurs nuances variées. Enfin c’est la neige qui recouvre la campagne ; tout est blanc ; la terre, les arbres, les toits et même la mer.

— Je ne dis pas que tout soit laid, mais tu avoueras qu’il n’y a rien pour récréer dans tout ce que tu vois. C’est à la ville, dit-on, qu’il y en a des amusements de toutes sortes ; là, jamais d’ennui.

— La ville ! Es-tu sérieux ? La ville où il n’y a que des maisons et des rues pleines de monde, où l’on ne voit pas de champs, pas de mer comme ici, rarement la lune et presque pas le ciel. La ville ! mais Hubert ! la ville ce n’est pas chez nous !

Ils ne purent continuer longtemps sur ce thème, car tout à coup, un bruit de branches, et Delphis Morin déboucha sur eux.

— Ah ! bonjour mademoiselle ; tiens ! bonjour Hubert. Excusez-moi de vous avoir dérangés, je ne vous savais pas ici.

— Il n’y a pas de faute, répondit Hubert ; nous sommes ensemble par pur hasard ; nous nous sommes rencontrés sans l’avoir voulu.