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la terre ancestrale

sur coup, plusieurs breuvages chauds et stimulants : puis, après l’avoir emmitouflé, le plaça près du poêle dans lequel elle enfourna de nouvelles bûches. Mais le frisson persistait et Jean Rioux respirait plus difficilement. La mère, plus alarmée, souffla à sa fille :

— Cours chez notre voisin Michaud et dis lui qu’il vienne, ton père est mal. Nous verrons s’il est nécessaire d’aller chercher le médecin.

La jeune fille était énervée. Pour la première fois, elle voyait un malade dans sa famille solide comme une forêt d’érables. En un instant, elle fut chez le voisin. Le voisin, l’homme de toutes les circonstances, le grand ami convié dans la douleur comme dans la joie : le voisin, presque un membre de la famille, se rendit aussitôt chez Rioux. Sa femme devait suivre à peu de distance : le temps de ranger les restes du souper et : « vite, allons aider. »

— Bonjour, Jean ! dit Michaud, il paraît que ça ne va pas comme on voudrait.

— Bah ! des peurs de femme. Parce que j’ai eu chaud et que je suis entré dans la maison froide, j’ai attrapé un petit frisson : mais ça ne sera rien. Dis donc, Pierre, toi et moi, nous ne sommes pas morts, et bien souvent nous avons eu chaud et froid. S’il avait fallu nous occuper toujours de ces niaiseries, nous n’aurions pas fait beaucoup