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la terre ancestrale

— Il faut avoir du bon sens. Faire pousser des patates dans une cave ; il n’est pas un nigaud.

— Comme ça, il faut lui aider un peu ?

— Pas dans le champ ; s’obstina madame Dion. Vous n’avez qu’à semer et puis ; « Laisse border Joseph », c’est le grand Maître qui fait le reste. Quand bien même vous souffleriez dessus, elles ne pousseraient pas plus vite.

— En semant, c’est tout de même un coup de main qu’on lui donne ; c’est une bonne partance.

— Si vous ne les sortiez pas de la terre, elles pousseraient bien toutes seules ; mais non vous êtes trop voraces d’argent ; vous ramassez jusqu’à la dernière pour les vendre une piastre et demie la poche.

— Alors, pourquoi les semer, si on ne les récolte pas ? insista Rioux.

— Est-ce que je sais ? N’en semez pas.

— Oui, mais vous n’en mangeriez pas.

— Ce serait tout aussi bien ; à une piastre et demie la poche, c’est dur à la dent.

— Ainsi, le bon Dieu serait tout aussi bien de n’en pas faire pousser, puisqu’elles ne serviraient à rien ?

— Je ne comprends plus rien, convint la femme.

— Ni moi non plus.