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xiv

Preface

lui avoit conseillé pour son divertissement, ou pour venger quelques-uns de ses amis, de répondre aux Lettres provinciales, qui étoient déjà de vieille date ; mais, redoutant le brave Louis de Montalte, il n’osa l’entreprendre, de crainte de blanchir devant cet illustre mort.

« M. de Rabutin a laissé des mémoires de sa vie, et un recueil de ses lettres et de celles qu’il recevoit de ses amis. Le mélange en est agréable. On y voit des gens d’épée et des gens de robe, des évêques, des abbés et des moines, écrire à l’envi et faire l’échange de l’indien avec cet écrivain incomparable. On y voit des directeurs de conscience, tantôt au court manteau, dire de précieuses bagatelles, tantôt en longue soutane, jeter à la traverse des semences de dévotion dans cette terre inculte, et, après ces coups fourrés, revenir a leurs premières plaisanteries pour ne pas ennuyer l’auditeur par la longueur de leurs sermons. Mais ce qu’on y voit de plus surprenant, ce sont des dames qui viennent en se jouant partager avec M. de Rabutin la gloire de bien écrire ; surtout une marquise de Sévigné, sa parente, qui fera dire à toute la postérité que la cousine valoit bien le cousin.

« On remarque plus de naturel dans les lettres de madame la marquise de Sévigné, et plus d’étude et de travail dans celles de M. de Rabutin. Ses mémoires, quoique fort bien écrits, sont peu curieux. A quoi bon les avoir remplis d’un si grand nombre de lettres écrites de la cour ? Tout officier qui a quelque commandement en pourroit produire. H est arrêté dans le conseil qu’on donnera un tel ordre à tel commandant ; le ministre