Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Flours deiz martyrs, qu’à payne esclozes,
De l’ennemy d’ung diex naissant,
Meyssonna le glaive impuissant,
Comme de fraiz boutons de rozes,
Ung ject croissant.

De foy du Christ, primes colonnes,
Vegniez, en ceiz jours solemnels,
Vegniez, tendre essaim d’immortels,
Jouer à palmes et couronnes
Sur seiz autels.
 
Dez qu’apprend le tyran farousche
Qu’ores est né soubz d’humbles toits,
Pour à Sion donner des lois,
David, de ton auguste souche,
Ung roy deiz roys.
 
S’escrye en anxieuse rage :
« Le sceptre va donq m’eschapper !
Poignarts, ne cessez de frapper,
Sans tous berceaux dans le carnage
Envelopper. »
 
Diex ! à voz yeux, mères tremblantes,
De tant et foibles enfançons,
Voy, soubz d’impiteux stramaçons,
Tomber de voz mammes sanglantes
Les nourrissons !
 
Consolez-vous ! pour tant de crimes
N’est le tyran plus en repoz,
En vain l’autheur de voz sanglotz
Du sang de ceiz tendres victimes
Versa leiz flotz.