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ville sont, au moins en partie, l’ouvrage d’un de nos contemporains qui n’a pas eu le temps ou l’adresse d’entourer sa fiction d’une vraisemblance complète.


VERSELETS A MON PREMIER NÉ.


O cher enfantelet, vray pourtraict de ton père,
Dors sur le seyn que ta bouche a pressé !
Dors, petiot ! clos amy, sur le seyn de ta mère,
Tien doulx oeillet par le somme oppressé !

Bel amy, cher petiot, que ta pupille tendre
Gouste ung sommeil qui plus n’est faict pour moy !
Je veille pour te veoir, te nourrir, te défendre…
Ainz qu’il m’est doulx ne veiller que pour toy !

Dors, mien enfantelet, mon soulcy, mon idole !
Dors sur le seyn, le seyn qui t’a porté !
Ne m’esjouit encor le son de ta parole,
Bien ton soubriz cent fois m’aye enchanté.

Me soubriraz, amy, dez ton réveil peult-estre ;
Tu soubriraz à meiz regards joyeulx…
Jà prou m’a dict le tien que me savoiz cognestre,
Jà bien appriz te mirer dans meiz yeulx.

Quoi ! teiz blancs doigtelets abandonnent la mamme,
Où vingt puyzer ta bouschette à playzir !
Ah ! dusses la seschier, cher gage de ma flamme,
N’y puyzeroiz au gré de mon dézir !

Cher petiot, bel amy, tendre filz que j’adore !
Cher enfançon, mon soulcy, mon amour !