Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/373

Cette page a été validée par deux contributeurs.
345
DES DAMES FRANÇAISES.


Bientôt disparut à ma vue
Le mortel si cher à mon cœur ;
Quand la foudre perce la nue,
On voit tomber le voyageur.
Ainsi je restois sur la terre
Sans appui, même sans espoir ;
Veuve à jamais et triste mère,
J’eus le courage du devoir.

Remplir sa pénible carrière
En s’effrayant sur l’avenir ;
N’oser regarder en arrière,
Craignant l’effet du souvenir ;
Voir les besoins toujours renaître
Et les moyens s’évanouir,
Qui pourroit, hélas ! être maitre
De ne pas dire.... Il faut mourir !

Eh bien ! sois mon flambeau funèbre,
Lampe, témoin de mes douleurs :
Tu peux un jour être célèbre
Par le récit de mes malheurs.
Fais que sur ma tombe paisible
Les humains jettent quelques fleurs :
Dis-leur que mon ombre sensible
Bénit qui lui donne des pleurs.