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DES DAMES FRANÇAISES.

Votre rougeur me peint votre courroux :
Je la devine, elle accroît mon estime,
Et de pousser ce jeu me paroîtroit un crime.
Je vous regarde en souriant :
Vous retrouvez en moi les traits de votre amie ;
Je me nomme tout bas, et je fuis à l’instant…..
Voilà ma douce erreur finie
Une autre fois….. Mais taisons-nous ;
Du plaisir que je goûte en ces heureux mensonges
Les faux dévots pourroient être jaloux,
Et, sans l’aveu du ciel, me damner pour des songes.


LES ADIEUX SOUS LE SAULE PLEUREUR.


Pour faire de tendres adieux,
Quel est l’asile favorable !
Choisit-on de sauvages lieux ?
Un bocage est-il préférable ?
Est-ce dans un boudoir galant
Que l’amour peut verser des larmes ?
Saule pleureur ! pour un amant,
Ton ombrage seul a des charmes.

C’est toujours au bord d’un ruisseau
Que se plaît ta douce verdure ;
Ton feuillage ainsi que son eau
Imitent l’amoureux murmure.
Si dans tes rameaux balancés
On voit l’image de la vie,
Que de tourmens sont annoncés
À qui s’éloigne de sa mie !