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DES DAMES FRANÇAISES.

Honneur à la race présente !
Ce n’est plus tous ces preux errans,
Ces paladins si fiers, si francs ;
Ce n’est plus ces bonnes grand’ mères,
N’ayant que griffes pour les gens,
Et les montrant pour des misères ;
Nous avons bien d’autres manières,
Des procédés plus amusans.
Ah ! grace aux dieux, tout est en France
D’une honnêteté, d’une aisance !
Nos belles ne font plus languir
Dans les siècles de l’espérance ;
Le roman est prêt à finir
Au moment même qu’il commence.
Nous avons l’éclair du plaisir,
Les bluettes, l’effervescence ;
On rit de l’antique constance ;
Tout s’abrège jusqu’au désir :
On s’étoit pris sans conséquence,
On se quitte sans se honnir :
Aussi, quels nœuds et quelle flâme !
C’est un concert délicieux.
Tout chevalier, selon ses vœux,
Peut, sans encourir aucun blâme.
Vingt fois le jour trahir ses feux :
On n’en meurt pas..... Sa chère dame
Le lui rend vite..... et c’est tant mieux !
D’honneur, ce procédé m’enchante !
Tous ces petits arrangemens
Forment une scène piquante.
Font du jour les tableaux charmans
Et la chronique intéressante :
Il nous faut des événemens ;
Tout est pour nous comme le temps.