Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/364

Cette page a été validée par deux contributeurs.
336
CHEFS-D’ŒUVRE POÉTIQUES

Le feu doux et pur du bonheur ;
J’irois, esclave dans vos chaînes,
Vivre dans un antre écarté,
Mourir en détail dans les peines
D’une triste célébrité !
Tranquille enfin sur le rivage,
J’irois encor chercher l’orage,
Braver les dédains, le mépris
D’un public injuste et volage,
Exposer mes frêles écrits
Aux fureurs d’un censeur sauvage !
Non, il est temps d’être plus sage :
Cachons-nous sous l’aile de jeux ;
Laissons à Verdier l’avantage
De charmer un jour nos neveux.
Écrire et plaire est son partage ;
Mon sort sera moins glorieux ;
Mais pour être heureuse à mon âge,
A-t-on besoin d’un nom fameux ?
Muses, reprenez votre lyre.
Je vous dis adieu pour toujours ;
J’aime, et mon cœur et les amours
Bien mieux que vous m’apprendront à le dire.


LE MONDE TEL QU’IL EST.


Vante qui voudra le vieux tems !
L’âge d’or est l’âge où nous sommes :
Nous avons fort peu de grands hommes ;
Mais nous avons des fous charmans,
De jolis roués de vingt ans,
Des petits maîtres de soixante.