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CHEFS-D’ŒUVRE POÉTIQUES

Que votre main brûle et déchire.
Quel zèle ennemi vous inspire ?
Eh quoi ! faut-il, pour plaire aux dieux,
Qu’on se dépare et s’enlaidisse ?
Exigent-ils le sacrifice
Des attraits que l’on reçut d’eux ?
Il fut un tems où, moins sévère,
Votre doctrine étoit l’amusement ;
Delille, votre bréviaire ;
Votre morale, un sentiment.
Mais, hélas ! quel revers funeste !
Et que le tems est bien changé !
Votre beauté seule vous reste ;
Aux amours vous donnez congé.
Le chapeau cède à la cornette ;
Plus de boudoir, plus de toilette ;
Le miroir même est négligé.
Vos jolis vers, dans le sein du mystère,
Sont désormais ensevelis ;
Massillon succède à Voltaire,
Et Bourdaloue aux jeux, aux ris…
Ah ! croyez-moi, quittez ce ton sévère ;
Retournez encore à Cythère ;
Vous aurez pour temple un berceau,
Vénus pour pénitencière ;
Pour oracle, le chalumeau
Du berger qui saura vous plaire ;
De tendres chansons pour prière.
Et pour peine….. un désir nouveau.