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DES DAMES FRANÇAISES.


À M. F * * *,


QUI INVITAIT L’AUTEUR À NE PAS S’AMUSER DE COLIFICHETS

ET QUI, POUR L’ENGAGER À LES MÉPRISER,

LUI CITAIT LES EXEMPLES DE SAPHO, D’ÉLISABETH, etc.


Laissez-moi mes pompons, mes nœuds et mes aigrettes,
J’aime à symétriser tous ces colifichets ;
Pour créer tous ces riens les femmes furent faites :
La mode dans leurs mains a remis ces hochets.
Ne nous disputez point ce frivole avantage
D’arranger avec art un chiffon élégant :
Le soir, dans un souper charmant,
(Car c’est là notre aréopage)
Nous recevons le prix de ce joli talent ;
Il sait nous attirer l’hommage
Du petit-maître et du pédant,
Et fait parfois tourner la tête au sage.
Je crois que le sexe jaseur
Ne doit pas envier le suffrage trompeur
Du fameux temple de mémoire :
Sapho, par son luth enchanteur,
Ceignit son front des lauriers de la gloire
Et du léger Phaon ne put fixer le cœur ;
Que gagne-t-on à vivre dans l’histoire ?
Élisabeth fut roi ! voyez le grand bonheur !
Christine, bien moins vaine et bien plus sage qu’elle,
Sous le poids de la dignité
Se lassant de plier une tête rebelle,
Sut abjurer la royauté,
Et renonçant sans peine au titre d’immortelle,