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CHEFS-D’ŒUVRE POÉTIQUES

a beaucoup d’antipathie pour tout ce qui est pénible ; heureusement je rime sans prétention, et mes ouvrages restent dans mon portefeuille ; s’ils en sortent aujourd’hui, c’est parce qu’il y a long-temps que je désirois d’écrire à l’homme de France que je lis avec le plus de plaisir, et que je me suis imaginée que quelques pièces de vers serviroient de passeport à ma lettre ; je n’ai point eu d’autres motifs, Monsieur :


Il est des femmes beaux-esprits ;
À Pindare autrefois, dans les jeux Olympiques,
Corinne des succès lyriques
Très-souvent disputa le prix.
Pindare, assurément, ne valoit pas Voltaire ;
Corinne valoit mieux que moi ;
Qu’il faudroit être téméraire
Pour entrer en lice avec toi !
Mais je le suis assez pour désirer de plaire
A l’écrivain dont le goût est ma loi.
Si tu daignois sourire à mes ouvrages,
Quel sort égaleroit le mien !
Tu réunis tous les suffrages,
Et moi, je n’aspire qu’au tien.


Il seroit bien glorieux pour moi, Monsieur, de l’obtenir ; n’allez pourtant pas croire que j’ose me flatter de le mériter, mais croyez que rien ne peut égaler les sentiments d’estime et d’admiration avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.

D’ANTREMONT.

A Aubenas, le 4 février 1768.