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DES DAMES FRANÇAISES.

Mais quand ces vers, fruits d’un moment,
Ou du caprice, ou du délire,
Seraient accueillis dans l’empire
Des graces et de l’enjoûment,
Muse, que de peines réelles
Suivroient ce dangereux honneur !
Par des angoisses éternelles
Peut-être j’expîrois un moment de faveur
Vois-tu ces tribunaux bizarres
Et ces philosophes barbares
Citer les talens à leur cour,
Comme si, pour voir le grand jour,
Les Ris accouroient à leur siége,
Ou qu’il fallût un privilége
Aux fugitives de l’Amour !
Ils voudroient aux règles sévères
Asservir mes rimes légères,
En effacer ce peu d’appas,
Cet air libre et vif de l’aisance,
Ces couleurs de la négligence
Faites pour les yeux délicats.
Du moins si par une loi sage
On avoit réglé le partage,
Le département des écrits :
Qu’on laissât les doctes fadaises
A nos pédans, à nos Saumaises ;
Aux petits-maîtres étourdis,
Les historiettes nouvelles,
Les anecdotes des ruelles
Et les affiches de Cypris ;
Alors les Gressets, les Voltaires
Ne seroient lus que des Plaisirs ;
Leurs chansons vives et légères
Seroient le code des bergères