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CHEFS-D’ŒUVRE POÉTIQUES

Autour d’une molle cadence
Quelques vers pliés par l’aisance,
Enfans légers d’un doux loisir,
Ne sont pas nés dans l’espérance
De vivre un jour dans l’avenir.
Pensant peu, respirant sans cesse
Les douceurs du désœuvrement,
Je n’ai pas cru que la justesse
Fût nécessaire à l’agrément ;
Non, la beauté de la paresse
Naît du plus simple ajustement.
Dans la peine le goût s’émousse ;
Un pinceau foible se courrouce
S’il est trop long-tems corrigé :
Le mien ne peint qu’en taille-douce ;
Mes Graces sont en négligé :
Ainsi, la bergère naïve
Dédaigne les vains ornemens ;
Son esprit est sa gaîté vive ;
Ses attraits sont des sentimens.
Le goût embellit Deshoulière ;
Le peintre de la volupté,
Chaulieu, d’une touche légère,
A peint pour l’immortalité.
S’il est un art pour les Apelles,
Il en est un pour les Mignards ;
Loin des lis et des immortelles
Les fougères sont assez belles,
Et méritent quelques regards.
Oui, muse, je pourrois peut-être
Aux lieux où le ciel m’a fait naître
Trouver des lecteurs indulgens ;
Aux essais de mes jeunes ans
Albertine a daigné sourire ;