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DES DAMES FRANÇAISES.

Ces riens, ces stériles merveilles
D’un auteur flétri par les veilles,
Qui pour vivre meurt en détail ;
Ces courts honneurs d’un long travail :
Ces éloges, cette couronne,
Le faux éclat qui l’environne,
Ont-ils satisfait mes désirs ?
L’épine croît où le laurier repose ;
C’est à Paphos que naît la rose,
La rose, emblème des plaisirs.

Dis-moi, trompeuse enchanteresse,
Si dans les antres du Permesse
J’avois perdu mes premiers ans,
La gloire, ce prix des talens,
Vaut-elle un jour de la jeunesse,
Une fraîche nuit du printems ?
Mais non, je veux, flatteuse idole,
Qu’au gré de tes vœux on immole
Ses jeunes ans et ses amours,
Pour s’assurer un nom frivole
Dans l’hiver de ses derniers jours :
Le vol de tes constantes ailes
Jusques aux voûtes éternelles
Eut-il porté mes pas heureux ?
Non, muse, cet essor rapide
N’est point fait pour l’aile des jeux :
Voit-on la fauvette timide
Élever son vol jusqu’aux cieux ?
Écho léger du badinage,
Sa voix n’a que de tendres sons ;
Il suffit à son goût volage
De répéter dans le bocage
L’air négligé des folâtres chansons.