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Oublîra-t-elle, insensible et futile,
Ces grands combats, effroi du genre humain ?
Doit-elle, ô dieux, rester froide et tranquille
Si son enfant peut la quitter demain ?

Quand vingt journaux instructifs et commodes
Soir et matin chez elle arriveront,
Ne sera-t-il que le journal des modes
Qu’elle ait le droit de consulter à fond ?

Lorsque naguère, enfin, dans leurs souffrances,
On la voyoit consoler ses amis,
Sur leurs dangers, leurs vœux, leurs espérances,
La blâmoit-on de donner son avis ?

Laissez, laissez une vaine censure,
Pères, maris, aimables précepteurs !
Vous ne pouvez réformer la nature ;
Et c’est pour vous le plus grand des bonheurs.
 
Si d’un joujou, d’une toilette à faire,
D’un rien parfois, vous jugez mieux que nous,
Je ne vois pas pourquoi, dans cette affaire,
Nous ne pourrions raisonner comme vous.
 
Mais qu’ai-je dit ! L’espoir seul de vous plaire
Peut embellir ce débat à nos yeux,
Et près de vous, je n’en fais point mystère,
D’autres sujets nous conviendroient bien mieux.
 
Quand l’amitié, quand l’amour nous rassemble.
Certes le cœur en est plus enchanté ;
Mais il vaut mieux politiquer ensemble
Que de rester chacun de son côté.