Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Veut-elle vivre solitaire,
On crie à l’affectation ;
Veut-elle un instant se distraire,
Elle aime à se montrer, dit-on.
Tout ce qu’elle ose se permettre,
En mal on sait l’interpréter :
Elle ne peut parler, chanter,
Sourire, sans se compromettre :
Son silence blesse les sots,
Ses propos ne les touchent guère ;
Elle doit parler par bons mots,
Ou ne rien dire avec mystère.
Comme un animal curieux,
Tantôt chacun la considère,
Tantôt une bégueule altière
Lui jette un regard dédaigneux.
Un faquin, Brutus par la tête,
Pour attirer l’attention,
Par un mensonge plat et bête
Ternit sa réputation.
Une mégère la provoque,
Puis lui fait, d’un ton radouci,
Tout haut un éloge équivoque.
Tout bas un affront réfléchi.
Un piètre auteur entre chez elle,
Malgré son ordre très-exprès ,
Pour aller partout dire après :
Je viens de chez madame telle ;
Nous avons (je le dis tout bas)
Parlé de sa pièce nouvelle,
Et mes conseils n’y nuiront pas.
Un prosateur blâme ses vers ;
Un poète blâme sa prose.
Joignez à ces tourmens divers