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LE SONGE TROMPEUR.


La bonne foi fut ma chimère :
N’ai-je donc chéri qu’une erreur ?
Ô dieux ! laissez-moi mon bonheur
Je ne veux point que l’on m’éclaire
S’il faut que l’Amour soit trompeur.
Que l’Amitié soit un mensonge ;
Faites encor durer le songe,
Et laissez la nuit dans mon cœur.

Que dis-je, hélas ! brisons des chaînes
Qui peuvent coûter des soupirs,
Et défendons-nous des plaisirs,
Quelquefois si voisins des peines.
Mais pourquoi veux-je me sauver
D’une erreur qui m’est aussi chère ?
Rendors-toi, rendors-toi, Glycère :
Pour être heureuse, il faut rêver.


L’ÂGE DU BONHEUR.


Dans le monde, nos premiers ans
Sont dirigés par l’innocence.
Quelle est heureuse notre enfance !
Toujours croire est sa jouissance,
Et tous nos rêves sont charmans.
Combien sa joie est vive et pure !
Il lui semble, du sein des jeux,
Que tous les cœurs sont vertueux,