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Reconnoissante, et non séduite,
La beauté nomme son vainqueur :
Le penchant règle sa conduite :
On n’y ment jamais à son cœur.

C’est sous vos huttes qu’on sait vivre !
On végète sous nos lambris ;
La nature vous sert de livre,
Son instinct vaut tous nos écrits.


À OROSMANE.


Cher Orosmane, mon idole.
Toi, le seul Turc dont je raffole,
Combien je fais cas de ton cœur !
Ton amour te coûta l’empire ;
Le repos, le jour et Zaïre,
Tu perdis tout par une erreur :
N’importe ! injuste, je t’adore ;
Armé d’un fer, je t’aime encore ;
Je chéris jusqu’à ta fureur ;
Je pardonne à ta violence,
Et la préfère à la langueur
De tous nos scélérats de France,
De ces caméléons de cour,
Sans principes, sans consistance,
Qui nous attaquent sans amour,
Qui nous gardent par convenance ;
Fripons et dupes tour à tour,
Que l’on trahit sans conséquence ;
Trop foibles pour être jaloux,
Et trop froids, soit dit entre nous.
Pour le plaisir de la vengeance.