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Ô cher objet ! dont la naissante aurore
À peine montre une foible lueur ;
Gage d’un nœud qu’a formé le bonheur,
Ma voix t’appelle, et tu ne peux encore
Ouïr mes sons, ni répondre à mon cœur.
Enveloppé d’un ténébreux nuage,
Le tien se tait, le tien ne connoît pas
Du sentiment la force et le langage :
Mais je te vois, je te presse en mes bras ;
De mes baisers je couvre ton visage…
Eh ! quel sujet plus digne de mes vers
Que ce transport dont j’éprouve l’ivresse !
Tout s’embellit au feu de ma tendresse ;
Je ne vois rien dans ce vaste univers
Qui ne me flatte, ou qui ne m’intéresse.
J’aime ces bois, j’aime ces prés rians ;
Ils t’offriront leur ombre et leur verdure ;
J’aime à compter les trésors du printemps ;
Ils souriront un jour à ta parure ;
Cet air, ce ciel ont plus d’attraits pour moi,
Et ce soleil qui luit sur la nature,
Dieux ! qu’il me plaît ! il brille aussi pour toi.
Ah ! si l’instant qui commence ta course
De tant de biens m’ouvre déjà la source.
Que l’avenir me promet d’heureux ans !
Que mon destin sera digne d’envie,
Quand de tes bras, foibles et caressans,
Flattant le sein où tu reçus la vie.
Tu jouiras de mes embrassemens ;
Quand tu feras, par tes jeux innocens,
L’amusement de ta mère attendrie !
À ces plaisirs, un plus parfait bonheur
Succédera ; le temps les fera naître,
Ces jours si beaux, mais si lents à paroître,