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Quant aux habitans du hameau,
Ils n’ont ni ruban ni houlette,
Des fleurs n’ornent point leur chapeau ;
Et pour rassembler leur troupeau,
Un cornet leur sert de musette.
Mais nos Pierrots et nos Toinons
Valent, dans leur grotesque allure,
Les Philis et les Corydons ;
Ils sont vrais comme la nature,
Et simples comme leurs moutons.
Tel est notre asile champêtre ;
Tels sont les lieux où notre cœur
Sent chaque jour que l’on peut être
Heureux sans faste ni grandeur.
L’ennui, le fléau de la ville,
Ne nous verse point ses pavots ;
Le temps qu’on emploie à propos
Marche toujours d’un pas agile.
Dès que l’aurore au front serein
Dore la cime des montagnes,
La douce fraîcheur du matin
Nous rappelle dans les campagnes ;
Nous y voyons d’un œil charmé
L’éclat et la magnificence
Dont le soleil à sa naissance
Pare l’horizon enflammé ;
Que de richesses dispersées
Dans la plaine et sur les coteaux !
Là, sur leurs tiges affaissées,
Les épis appellent la faux ;
Ici, les gerbes entassées
N’attendent plus que les fléaux.
Les fruits que produit le treillage
Ont déjà cessé de fleurir ;