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ÉPÎTRE À M. DE * * *.


Puissiez-vous lire avec plaisir
Ces vers que, dans ma solitude,
Tracent, sans art et sans étude,
Le sentiment et le loisir !
Ma sœur et moi, loin de la ville,
Ici nous passons nos instans
Dans ce repos doux et tranquille
Qu’on ne sauroit trouver qu’aux champs.
Nos déserts simples et rustiques
N’offrent point les riches beautés
De ces campagnes magnifiques,
Qu’orne le luxe des cités ;
Point de ces maisons dont le faste,
Étonnant les humbles guérets,
De la chaumière et du palais
Présente l’affligeant contraste.
Mais si l’on ne trouve jamais,
Par de vains et pompeux attraits,
La nature ici profanée,
On n’y voit point les agrémens
Dont elle ornoit les bords charmans
Et du Lignon et du Pénée ;
Il n’est point ici de ruisseaux
Qui coulent sur l’herbe fleurie ;
Pour exciter la rêverie,
Nous n’avons ni bois ni berceaux.
Au lieu de hêtres et de chênes,
L’arbre de Pallas, sur nos plaines,
Étend son paisible rameau.