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Où, par la voix de toute la nature,
Au genre humain l’Amour donne leçon.
Tout cède alors à sa flamme brûlante ;
D’amour au bois le fier lion rugit ;
D’amour aux champs la génisse mugit,
Et des oiseaux la voix n’est si brillante
Que pour chanter le dieu qui les unit.
Tandis qu’Aminte, assise sous l’ombrage,
Y respiroit la paix et la fraîcheur,
Un rossignol, sur ce même rivage,
À sa compagne exprimoit son ardeur ;
Tout dans ces bois se taisoit pour l’entendre.
— Ô de l’Amour interprète flatteur,
Dans tes chansons que son langage est tendre !
Dit la bergère. Oui, ce dieu t’a formé
Pour être heureux ; et comment se défendre
D’un feu si vif et si bien exprimé !
— Heureux oiseau, dit Hilas qui l’écoute.
Tu l’as touché cet insensible cœur
Dont mes soupirs n’ont pu trouver la route !
Oh ! de ta voix si j’avois la douceur !
Si je pouvois… — Il se tait ; l’espérance
D’un sort plus doux flatte déjà ses vœux.
Le monde alors étoit dans son enfance,
Et des beaux-arts l’utile connoissance
N’éclairoit point cet âge ténébreux ;
On ignoroit les touchantes merveilles
Des Amphions et le secret heureux
D’intéresser le cœur par les oreilles ;
Mais l’Amour parle et son feu créateur
Inspire Hilas, l’encourage et l’éclaire.
Tous les matins le fidèle pasteur
Va sans témoins dans un bois solitaire ;
Là, des oiseaux écoutant les concerts,