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Et si quelqu’infidèle ose souiller ces bords,
Que votre seul aspect confonde le parjure
Et fasse naître ses remords !


L’ORIGINE DU CHANT.


Hilas aimoit, il brûloit pour Aminte ;
Mais nul espoir ne flattoit ses douleurs :
D’un air distrait elle écoutoit sa plainte,
D’un œil tranquille elle voyoit ses pleurs.
Hilas gémit sous un dur esclavage ;
Ce n’étoit plus ce berger séducteur
Dont la plus fière eût accepté l’hommage ;
Ce front si noble est couvert d’un nuage,
Ces yeux si beaux sont chargés de langueur ;
Dans les déserts il devance l’aurore ;
Là, négligeant son chien et ses troupeaux,
Au jour naissant il raconte ses maux ;
Au jour fuyant il les redit encore.
Un soir qu’au fond d’un antre obscur et frais
Il se livroit à ses ennuis secrets,
Près de ce lieu vient rêver sa bergère :
Il l’aperçoit. Quel trouble ! quels combats !
Volera-t-il au-devant de ses pas ?
Non, il s’arrête, il craint de lui déplaire.
Sans être vu de cet objet sévère,
Ses yeux de loin admirent tant d’appas ;
Mais l’inhumaine alors ne songeoit pas
Aux malheureux que ses yeux ont pu faire.
C’étoit le temps où le froid Aquilon
Laisse aux Zéphyrs émailler la verdure,
Temps des plaisirs, agréable saison,