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Enfin, nous médirions, Zémire ;
Ne faisant grâce qu’aux bons cœurs,
Combien de choses à nous dire !…
Mais quand j’y fais réflexion,
Si jamais tu pouvois m’entendre
Et répondre à notre jargon,
Serois-tu toujours aussi tendre ?
Des humains tu prendrois le ton.
Devant toi je parle sans feindre
De mes chagrins, de tous les maux
Que j’éprouve ou que je dois craindre ;
Et je n’oserois plus me plaindre,
De peur de troubler ton repos.
Achève tes jours sans alarmes,
Sans songer que tu dois mourir.
Tu ne vois rien dans l’avenir,
Le présent t’offre encor des charmes.
Oui, l’on envîroit tes plaisirs
S’il te restoit de ta jeunesse
Quelques aimables souvenirs,
Les seuls trésors de la vieillesse.



PLUS D’ILLUSION !


Eh quoi ! tout fuit dans le vieil âge,
Tout fuit, jusqu’à l’illusion !
Ah ! la nature auroit été plus sage
De la garder pour l’arrière-saison.
Oui, si l’imagination
Conservoit sa douce magie,
Elle préserveroit, sur la fin de la vie,
De l’ennui, ce mortel poison