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Des idoles sans nombre, et d’un aspect bizarre,
Y reçoivent l’encens d’un peuple aussi barbare
Que les monstres nourris dans cet affreux séjour.
Un isthme unit l’Afrique à l’Asie, où le jour
S’éteint au sein des mers, quand vous voyez l’aurore.
Là, dans ses vastes champs, la Chine voit éclore
Autant de citoyens que vos prés ont de fleurs.
Quoique de mille dieux ils soient adorateurs,
Un grand législateur a transmis à leurs sages,
Que le ressort des corps, vivant d’âges en âges,
Est l’unique pouvoir qui régit l’univers,
Et qu’un cœur vertueux, ferme dans les revers,
Trouve seul du bonheur les véritables sources.
Aux bords voisins, le luxe, épuisant ses ressources,
En vain dans les plaisirs met la félicité.
Chez l’Indien oisif languit la volupté ;
Croyant qu’après la mort, dans la matière errante,
L’ame de ses aïeux à jamais renaissante
Anime les poissons, les brutes, les oiseaux,
Il n’ose se nourrir du sang des animaux.

Ces erreurs, qui du tems ont la vicissitude,
Des plus subtils esprits épuisèrent l’étude.
Chacun crut dévoiler aux regards curieux
L’ordre de la nature et l’essence des dieux.
Sur des atomes vains, le feu, l’éther ou l’onde,
Tour à tour on fonda l’origine du monde.
Ce secret est connu du seul Dieu que je sers,
Qui voit naître et tomber ces systèmes divers,
Comme au pied d’un rocher une vague formée,
Sous l’autre qui s’élève, est sans cesse abîmée.
Les mages, qui jadis gouvernaient les Persans,
Comme vous au soleil présentaient leur encens :
Aujourd’hui le vrai Dieu dans leurs temples préside,