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RÉPONSE À UN OCTOGÉNAIRE.


Dans l’hiver des ans, la paresse
Engendre l’ennui, les regrets,
Et tu demandes quels hochets
Pourraient amuser la vieillesse ?
Je l’ignore ; est-ce un jeu d’onchets ?
Ta main tremblante a peu d’adresse
Aurais-tu recours aux échecs ?
Ta tête, hélas ! n’y peut suffire ;
Et le charme des vains projets
Sur un vieillard n’a plus d’empire.
Veut-il se délecter des mets
Que sans besoin le goût désire ?
Son corps en souffre, et mille maux
Le désolent tant qu’il respire.
Pour s’en distraire, s’il veut rire,
Le mot ne vient point à propos.
Si près d’une belle il soupire,
Elle en rit avec ses rivaux.
Pour goûter les romans nouveaux,
Son cerveau manque de délire.
Le tems est passé de s’instruire.
En vain, par d’amusants travaux,
Dans les ans passés veut-il lire,
Ses yeux demandent du repos,
Et des doux accords de la lyre
Son oreille a perdu le son.
L’héritier, que son bien attire,
Attend, pour jouir, qu’il expire.