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M. de Fontenelle, en faisant visite à madame Bourette, lui adressa ces deux vers :

« Si les dames ont droit d’introduire les modes,
En prose désormais on doit faire les odes. »

Cette dame remercia M. de Fontenelle de sa visite par les vers suivants :

Cher Anacréon de Neustrie,
Dont la rare et sage folie
Joint Épicure avec Zénon,
Votre visite en ma maison,
Malgré le poison de l’Envie,
En tout tems, en toute saison,
Fera le plaisir de ma vie.
Mais en ce saint tems de pardon
Que nous accorde le Saint-Père,
Quel compliment puis-je vous faire
Qui n’ait un fumet d’oraison ?
L’on ne parle que de prière,
De conférence et de sermon.
Vous le sçavez, fils d’Apollon,
Je peux le dire sans mystère,
Nous parlons tout autre jargon.
Il faut donc sagement me taire,
Ou vous dire avec onction :
Vous m’avez fait faveur insigne ;
Ah ! seigneur, je n’étois pas digne
Que vous vinssiez dans ma maison !