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À des concitoyens elle a donné l’ouvrage.
Eux, sots, méchants, d’abord l’ont épluché ;
Puis l’ont censuré, décrié
Doris, tranquille au milieu de l’orage,
Dit, en se riant des mépris :
Nul n’est prophète en son pays.


À l’amitié.


élégie.


Toi que l’on déifie à bon droit en tous lieux,
Déesse de mon cœur, digne présent des dieux,
Amitié précieuse, Amitié véritable,
Où faut-il te chercher dans ce tems déplorable,
En ce tems où tout est simulé, faux, trompeur ?
Ah ! l’encens que l’on t’offre aujourd’hui fait horreur
L’intérêt qui l’allume est un feu qui sait feindre.
Qu’un même moment voit s’exhaler et s’éteindre.
On ne vit que pour soi : nos douces liaisons
N’ont plus rien d’assuré dans ces dures saisons ;
Le tems de l’âge d’or, où tout étoit paisible,
Pourra-t-il à nos maux être jamais sensible ?
Ne viendra-t-il jamais reparoître à nos yeux,
Et nous faire passer des jours délicieux ?
Hélas ! ce tems n’est plus : l’ambition, l’envie,
L’importune grandeur, font le plan de la vie.
La vertu n’est de rien : on la laisse en langueur ;
L’argent, le vil argent seul mène droit au cœur,
Et, paré de ton nom, l’homme, plein d’artifice,
Demande, exige encore un retour de justice.