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Le papillon léger, comme l’amant volage,
De belle en belle va raconter son tourment.
La constance est un esclavage
Qui déplaît à plus d’un amant.

La nature aux mortels rend un sensible hommage ;
Phébus répand ses feux sur ce vaste univers :
Tout nous retrace le bel âge,
Et sur la terre et dans les airs.

Les arbres ont repris leur verdoyant feuillage ;
Sous leur voûte l’on sent voler mille zéphirs :
Les amours vont sous leur ombrage
Former les plus tendres désirs.

Les oiseaux amoureux, par le plus doux ramage,
De la belle saison nous chantent les douceurs ;
Et Philomèle, en son langage,
Fait le récit de ses malheurs.

Mais, par des chants si beaux, nous fait-elle l’histoire
Du plus cruel amant, du plus barbare amour ?
Non, elle chante la victoire
Que la vengeance eut à son tour.

La bergère déjà, vers la tendre prairie
Conduisant son troupeau, précipite ses pas ;
Et la campagne refleurie
Ne fait qu’augmenter ses appas.

Son berger qui la suit, dans son transport extrême.
Lui prouve son amour par son trouble charmant ;
Et, sans lui dire : Je vous aime,
Elle le devine aisément.