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CHEFS-D’ŒUVRE POÉTIQUES

Par sa sainte et douce yvresse,
Me transporte au mont sacré.
J’y vois ce fils de Latone,
Sa docte cour l’environne.
O qu’ils ont un noble employ !
Ils enchantent les oreilles,
Par les brillantes merveilles
Qu’ils racontent de mon roy.

Qu’il est grand, fier, redoutable,
Dit le chantre souverain ;
Que son œil est formidable
Quand la foudre est en sa main !
Qu’il est humain, qu’il est sage !
La justice est son partage,
Respondent les doctes sœurs.
Qui de nous, dieux que nous sommes,
Mieux que lui pourroit des hommes
Connoistre et gagner les cœurs ?

Ainsi, sur la docte rive
Ils célèbrent ses exploits ;
De la nature attentive
Leurs chants suspendent les loix.
Aquilon est sans haleine,
Les claires eaux d’Hippocrène
S’écoulent sans murmurer,
Écho doucement respire.
Et près de Flore, Zéphire
N’ose même souspirer.

Ma seule voix, plus hardie,
Trouble, par ses foibles sons,