Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tiennent si souvent leur empire,
Et qui n’est, au temps des hivers,
Qu’une image des beaux déserts.

. . . . . . . . . . . . . .


Surprise de tant de beautés,
Mes sens se crurent enchantés.
Je trouvois incompréhensible
Que l’on pût en si peu de temps,
Dans un pays inaccessible,
Faire un ouvrage de cent ans.
J’admirois en passant cette grandeur royale,
Qui brille en ces superbes lieux,
Où la magnificence étale
Ce que l’Inde et le Nord ont de plus précieux :
Quand soudain je porte ma vue
Sur ce fameux canal, dont la vaste étendue
A Thétis ne doit point ses eaux ;
Qui n’a pour s’agrandir ni sources ni ruisseaux,
Et ne tient que de l’art le cristal de son onde.

. . . . . . . . . . . . . .


Sur ce fameux canal j’abandonnois ma vue.
Quand d’un mortel effroi mon ame fut émue :
Je vis, du fond des noirs déserts,
D’un pas lent et tremblant, et d’une affreuse mine,
Sous un manteau neigeux, aussi blanc que l’hermine,
Le plus rigoureux des hivers.
En passant il flétrit le bois qui l’environne ;
Partout où vont ses pas la nature frissonne ;
Les vents autour de lui, diversement épars.
D’un effroi menaçant précèdent ses regards.
Il approche de la fontaine
De la mère du Dieu du jour,