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Que la nature et le ciel favorisent,
Insensiblement le conduisent
A de tristes réflexions.
Ces arbres et ces fleurs, ces oiseaux, ces eaux pures,
Dans une douce liberté
Goûtent tous les plaisirs de la tranquillité,
Et n’ont point comme nous des loix fières et dures,
Qui viennent mettre obstacle à leur félicité.
Que votre sort est doux auprès du nôtre,
Vous, qui par le printemps rendez ces lieux si beaux,
Chênes, fleurs, rossignols, ruisseaux.
Notre destin, hélas ! bien différent du vôtre,
Nous livre chaque jour à des tourmens nouveaux.
Par une cruelle aventure,
Nous sommes condamnés à fuir ce qui nous plaît :
Aux penchans les plus doux qu’inspire la nature,
L’importune raison oppose un fier arrêt.
C’est en vain qu’en secret notre cœur en murmure,
L’esprit de la raison prend toujours l’intérêt.
Armé d’une autorité sûre.
Il sait, par des ressorts puissans,
Sous son pouvoir enchaîner tous les sens.
La nature, par nous si souvent outragée,
Par ces fières rébellions
Ne nous prescrit plus rien, et, pour être vengée.
Nous abandonne aux noires passions :
Le servile intérêt, l’implacable vengeance,
La jalousie et la douleur.
Sans cesse nous rongent le cœur,
Et nous font ressentir leur barbare puissance
Avec une aveugle fureur ;
Les saisons les plus favorables
N’ont rien pour nous de parfaitement doux ;
Par nos destins impitoyables,