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Et chacun sans placet, sans tant de doléance,
Rachetoit son portrait et payoit le silence.
C’est ainsi qu’on aimoit en ce siècle si doux,
Sous un prince charmant qu’on voit revivre en vous.
Mais aujourd’hui qu’Amour daigne suivre la mode,
Que le moindre respect passe pour incommode,
Nous trouvons tout au plus quelques pauvres coquets
Qui n’ont jamais sur eux que des madrigalets ;
Ils courent nuit et jour, se tourmentent sans cesse,
Sans jamais enrichir ni voleur ni maîtresse ;
Qu’ils marchent hardiment, ils font peu de jaloux,
Et n’ont à redouter ni maris ni filoux.
Pour tous leurs rendez-vous, ils peuvent prendre escorte,
Sans besoin de la nuit ni de la fausse porte ;
Mais la licence règne avecque tant d’excès,
Qu’ils osent bien se plaindre et donner des placets ;
Ne les écoutez pas, ils sont pleins d’artifice,
Prononcez cet arrest tout rempli de justice :

Un amant qui craint les voleurs,
Ne mérite point de faveurs.




Vers envoyés a mademoiselle de Scudéry, sous le voile de l’anonyme, par mademoiselle de la Vigne, pour accompagner une corbeille pleine de bijoux, dont les filous lui faisaient présent pour ses étrennes.

Ces hommes redoutés, que l’on nomme filoux,
Dont vous avez pris la défense,
Sont de leur gloire trop jaloux
Pour demeurer dans le silence.