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Il falloit ces deux cents écus,
Je ne les demanderois plus.
Ne pouvant au combat pour vous perdre la vie,
Je voudrois me creuser un illustre tombeau,
Et, souffrant un trépas d’un genre tout nouveau,
Mourir de faim pour la patrie.
Sire, sans ce secours tout suivra votre loi,
Et vous pouvez en croire Apollon sur sa foi ;
Le sort n’a point pour vous démenti ses oracles :
Ah ! puisqu’il vous promet miracles sur miracles,
Faites-moi vivre et voir tout ce que je prévoi.


L’IMAGINATION ET LE BONHEUR

.

fable allégorique.


L’Imagination, amante du Bonheur,
Sans cesse le désire et sans cesse l’appelle ;
Mais sur elle il exerce une extrême rigueur,
Et, fait pour ses désirs, il est peu fait pour elle.
Dans sa tendre jeunesse elle alla le chercher
Jusque dans l’amoureux empire ;
Mais lorsque du Bonheur elle crut approcher,
Le Soupçon, le jaloux Martyre,
La Délicatesse encor pire,
Soudain à ses transports le vinrent arracher.
Dans un âge plus mûr, du même objet charmée,
Au palais de l’Ambition
Elle crut satisfaire encor sa passion ;
Mais elle n’y trouva qu’une ombre, une fumée,
Fantôme du bonheur et pure illusion.
Enfin, dans le pays qu’habite la Richesse,
Séjour agréable et charmant,