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MADRIGAL.


Non, non, quoiqu’il ait quelques charmes,
Ce n’est point pour Lisis que je verse des larmes ;
L’auteur de mes ennuis n’est pas mal avec vous ;
Sans le nommer, je peux vous dire
Que vous avez grand tort de paroître jaloux
De celui pour qui je soupire.


Les trois élégies que nous allons rapporter sont de la même muse.


ÉLÉGIES.


I


Foible et fière raison, qui par de vains combats
Choques les passions et ne les détruis pas,
Ne me tourmente plus ; tes forces sont bornées,
Et l’on ne change point l’ordre des destinées.
Elles font à leur gré le tissu de nos jours,
Et forment dans le ciel les nœuds de nos amours.
Tu sais bien que mon cœur, pour se vaincre lui-même,
T’opposa mille fois au dieu qui veut que j’aime ;
Mais, quoi qu’on puisse dire au mépris de ses loix,
Aimer ou n’aimer pas n’est point en notre choix.
À son divin pouvoir il faut enfin se rendre :
Un mortel contre un dieu pourroit-il se défendre ?