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Quel cœur sentit jamais de plus vives frayeurs,
Lorsque la tendre Philomelle
Annonça, par ses chants, le retour des horreurs
Que Bellone, en courroux, traîne en foule après elle ?

Arbres, ruisseaux, charmantes fleurs,
Quel cœur brûla jamais d’une flamme plus belle ?
Et vous, vastes forêts, témoins de mes douleurs,
Et dont tout ici renouvelle
De mon funeste sort les constantes fureurs ;
Quelle aventure plus cruelle,
Quelle mort, quel amant mérita mieux mes pleurs ?

Je ne viens point rappeler sous vos ombres
Ce que Tircis eut de charmant.
L’horreur qui suit la mort de mon amant
M’attire et me retient dans vos demeures sombres.
Seule dans ces forêts, loin du monde et du bruit,
J’abandonne mon cœur à sa douleur mortelle ;
Et je goûte à longs traits les maux qu’elle produit
Dans un cœur accablé, malheureux et fidelle.