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Vos soins chez elle ont remis l’abondance ;
Vostre valeur, qui pourroit tout dompter,
La rend terrible aux nations étranges ;
Et quelque loin qu’on porte les louanges,
Il n’en est point qui vous puisse flatter.

A vous chanter nos voix sont toujours prestes ;
Mais quand nos vers à la postérité
Pourroient vous peindre aussi grand que vous estes :
Quand de vos loix ils diroient l’équité,
De vostre bras les rapides conquestes,
De vostre esprit la noble activité,
De vostre abord le charme inévitable,
Quelle en seroit pour vous l’utilité ?
Lorsque le vray paroist peu vraysemblable,
Il n’a sur nous que peu d’autorité.

Ces conquérans qu’eurent Rome et la Grèce,
Ces demi-dieux sur cent livres chantez,
Ont eu le sort que trop de gloire laisse :
On les a cru servilement flattez.
Tant de vertus qu’en eux l’histoire assemble
Est, disoit-on, le prix de leurs bienfaits ;
Et si vous seul, sous qui l’univers tremble,
N’eussiez plus fait qu’ils n’ont tous fait ensemble,
On douteroit encor de leurs hauts faits.

De leur valeur la vostre nous assure ;
Vous la rendez croyable en l’effaçant.
Un tel secours chez la race future
Sera pour vous un secours impuissant.
Quelques efforts que la nature fasse
Pour les héros que sa main formera,