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Elle n’est qu’un amas de craintes, de douleurs,
De travaux, de soucis, de peines.
Pour qui connaît les misères humaines,
Mourir n’est pas le plus grand des malheurs !
Cependant, agréables fleurs,
Par des liens honteux attachés à la vie,
Elle fait seule tous nos soins,
Et nous ne vous portons envie
Que par où nous devons vous envier le moins.


LES MOUTONS.

IDYLLE


Hélas ! petits moutons, que vous êtes heureux !
Vous paissez dans nos champs sans soucis, sans alarmes :
Aussitôt aimés qu’amoureux,
On ne vous force point à répandre des larmes ;
Vous ne formez jamais d’inutiles désirs.
Dans vos tranquilles cœurs l’amour suit la nature :
Sans ressentir ses maux, vous avez ses plaisirs.
L’ambition, l’honneur, l’intérêt, l’imposture,
Qui font tant de maux parmi nous,
Ne se rencontrent point chez vous.
Cependant nous avons la raison pour partage,
Et vous en ignorez l’usage.
Innocens animaux, n’en soyez point jaloux ;
Ce n’est pas un grand avantage.
Cette fière raison, dont on fait tant de bruit,
Contre les passions n’est pas un sûr remède :
Un peu de vin la trouble, un enfant la séduit ;
Et déchirer un cœur qui l’appelle à son aide,