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Si le vivre m’est mourir,
Et le mourir ce m’est vie :
Que crains-je ? en toy je me fie,
O Christ ! vien me secourir.

La chair qui fut tant contraire
A l’esprit, luy a cédé.
Contencieux fut l’affaire,
Or, paix y a succédé.

Mon corps est refaict tout beau
Et belle est la forme mienne,
Ayant despouillé ma peau
Comme le serpent la sienne.

Christ seul à qui je servois
Eut et mon cœur et mon âme :
Dont je suys et royne et dame,
Plus grand’ que quand je vivois.
 
Qui a fait qu’en ces bas lieux
De vivre n’eut onc envie ?
La mort lui a faict aux cieux
Chemin de meilleure vie.

Faisant de ma vie eschange
A la mort qui m’a ravie :
Dieu au ciel soudain me range
De mort en seconde vie.

Le peintre, de son pinceau ;
L’engraveur, de son cyseau,
Rendront-ils sa forme feinte