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Avec sainct Pol je dirai
Et croirai
Que la royne ici sommeille ;
Et que son corps n’est point mort,
Ains qu’il dort
Jusqu’au jour qu’il se réveille.

Vous, médecins, s’il vous plaist,
Ne travaillez plus pour elle :
Par son médecin elle est
Maintenant toute immortelle.

La royne entrant à la fin,
C’est lors qu’ell’ commence à vivre :
Elle meurt au monde affin
Qu’avec Dieu puisse revivre.

Que veid-elle en ces bas lieux
Qu’une tristesse aspre et dure ?
Que voit-ell’ là hault aux cieux,
Qu’un plaisir qui tousiours dure ?
 
Elle est morte, mais à Christ,
Et morte estant, son esprit
Vit à Christ de mort délivre.
Tel mourir comme est escript,
N’est sinon qu’à toy Christ vivre.
 
Si le monde doit fâcher
Où tant de malheur abonde,
Moy donc fille de la chair
Qui m’arreste encor au monde ?