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Qu’encor ils ont un regret ennuieux,
Dont ils seront sur moymesme envieux,
En gémissant aux Champs-Elysiens :
C’est qu’ils voudroient (pour certain je le scay)
Revivre ici et avoir un Bellay,
Ou qu’un Bellay de leur temps eust été.
Car ce qui n’est savez si dextrement
Feindre et parer, que trop plus aisément
Le bien du bien seroit par vous chanté

Le papier gros et l’encre trop espesse,
La plume lourde et la main bien pesante,
Stile qui point l’oreille ne contente,
Foible argument et mots pleins de rudesse
Monstrent assez mon ignorance expresse ;
Et si n’en suis moins hardie et ardente,
Mes vers semer, si subjet se présente :
Et qui pis est, en cela je m’adresse
A vous, qui pour plus aigres les gouster,
En les meslant avecques des meilleurs,
Faictes les miens et vostres escouter.
Telle se voit différence aux couleurs :
Le blanc au gris sçait bien son lustre oster.
C’est l’heur de vous, et ce sont mes malheurs.

Le temps, les ans, d’armes me serviront
Pour pouvoir vaincre ma jeune ignorance,
Et dessus moy à moymesme puissance
A l’advenir, peut-estre, donneront.
Mais quand cent ans sur mon chef doubleront
Si le hault ciel un tel aage m’advance,
Gloire j’auray d’heureuse récompense,
Si puis attaindre à celles qui seront